الاثنين، 10 ديسمبر 2012

Ma sorcière mal-aimée

Autre cliché tenace, clamé dans une bonne partie des pays arabes : le Maroc est un pays de magie noire, ses femmes sont des sorcières doublées de voleuses de maris. D’ensorceleuses, dans sa définition la plus féerique, les Marocaines sont passées au rang de sorcières. En usant de leurs charmes et de potions maléfiques, elles attireraient les hommes (riches) dans leurs filets. Lorsque Hala, Libanaise, annonce autour d’elle qu’elle va travailler au Maroc, voilà ce que lui conseille son entourage : “Attention aux femmes, ce sont des sorcières, elles vont te jeter des sorts”. En 1926, l’historien Georges Hardy écrivait déjà que “dans toute l’étendue des pays musulmans, le Maroc est toujours passé pour la terre des sorciers par excellence”. Aboubakr Harakat précise que “le mélange de cultures (amazighe, arabe, juive, africaine) donnerait, pour ceux qui y croient, une sorcellerie plus puissante et redoutable”.
Le fait que la magie noire soit une pratique commune aux hommes et aux femmes confère encore plus de poids au cliché. Selon l’écrivain Jalal El Hakmaoui, “dans l’inconscient collectif des Moyen-orientaux, les Marocains sont des exégètes, des grammairiens et des fqihs dont le savoir est associé à une science occulte”. Pour l’homme de lettres, nos frères arabes attribueraient à la culture marocaine un côté diabolique, “que l’on donne souvent à une culture qu’on ne maîtrise pas”. L’avis du psychologue Harakat abonde dans ce sens : “Dans un pays comme l’Arabie Saoudite, l’orthodoxie est de rigueur depuis au moins deux siècles. Il n’y a pas de culte de marabouts”. Plus encore, la sorcellerie y est passible de la peine de mort. La perception des pratiques marocaines n’en est que plus facile à généraliser.
Edmond Doutté, professeur à l’École Supérieure des Lettres d’Alger au début du XXème siècle, affirmait à l’époque qu’au Maroc “la femme est un auxiliaire précieux de la magie”. Et ce mythe est aussi présent dans l’inconscient marocain. Pour justifier les raisons de l’adultère chez l’homme, la sociologue Soumaya Naâmane Guessous écrit, dans Au-delà de toute pudeur (1988, Eddif), que les femmes accusent “‘les voleuses de maris’, filles perverses et redoutables, figure négative du désir qui trouve son reflet dans le personnage légendaire de Aïcha Kandisha”, “ogresse qui se transforme en créature séduisante et à laquelle aucun homme ne résiste”. Un cliché nourri par une légende bien de chez nous.

Façonner son image
Il ne faut pas se leurrer : la plupart des poncifs à propos du Maroc dépassent les pays arabes. Sauf que la critique, lorsqu’elle vient de pays frères, est souvent plus vexante pour nos compatriotes. La proximité de la langue aidant, les Marocains regardent plus de chaînes arabophones qu’européennes, et sont donc directement touchés par l’image que leur renvoient leurs frères arabes. Preuve en est que l’épisode de la vidéo koweïtienne a égratigné plus de Marocains que foultitude de sketchs français bourrés de clichés sur le Maroc. C’est bien connu, les coups sont plus douloureux quand ils viennent de la famille. “Notre principal échec est de ne pas avoir su nous construire une histoire culturelle assez forte, et donc une image positive auprès des pays arabes, comme ce fut le cas pour le Liban par exemple, que l’on n’associe pas à la prostitution ou aux femmes légères, mais plutôt à Fairouz ou à ses grands hommes politiques et écrivains”, analyse El Hakmaoui. Blessés dans leur ego, les Marocains pleurent l’image qu’ils renvoient alors qu’ils en sont peut-être les premiers respon sables

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